Vanessa dans un donjon de l’inquisition

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Ce récit est la suite de : Vanessa dans un donjon de l’inquisition 2
il y a 4 ans

UNE BIEN ETRANGE BICOQUE!

Pour la première fois depuis deux ans, je vais pouvoir prendre des vacances: l'an dernier, à pareille époque, j'avais besoin d'argent, il fallait que je termine mes études d'anglais. Je vais en profiter, cette année, dans la petite maison dont je viens d'hériter de mon vieil oncle Henri, vieux célibataire endurci qui n'avait plus d'autre famille que moi. Je suis tout heureux en conduisant ma petite voiture rouge...

Il fait beau, la route est belle, la carte Michelin à mes côtés, je tâtonne sur les petites routes de Normandie, pour retrouver la maison de Tailleville, située en pleine campagne, à dix kilomètres des plages du débarquement. Le farniente, la plage, l'amour sont au programme.

Après des mois de grisaille dans la banlieue parisienne,les amphithéâtres bondés de la Sorbonne, j'éprouve un intense sentiment de liberté... Ah! tourner à droite, cette petite route après Douvres-la-Délivrande, j'arrive... Petit chemin, c'est là!

Il fait chaud! J'ai soif! Il est vrai que je ne suis venu que très peu souvent voir ,avec mes parents, l'oncle Henri, à l'occasion de déplacements lorsque j'étais petite :on s'amusait beaucoup à terroriser les lapins, les poules, à grimper partout, dans le foin, à humer l'odeur acide des pommes dans la vieille grange.

Mais cela ne durait jamais très longtemps, il fallait repartir;et d'année et année, l'oncle Henri nous paraissait toujours immuable, avec son pantalon de velours marron retenu par de grosses bretelles, sa chemise bleue, sa casquette éternellement vissée sur la tête. Il semblait vivre de peu ,fumait sa pipe et passait son temps sur le pas de sa porte, à revasser en caressant la tête de son vieux chien aux yeux chassieux.

J'aimais bien sa maison, et je l'aimais bien,lui; c'est pourquoi, quand j'ai eu l'âge de me déplacer tout seul, je n'ai jamais manqué une occasion de lui rendre visite, et nous parlions,lui du passé, moi de l'avenir...

Et désormais, c'est moi qui suis le maître des lieux! Il y a belle lurette qu'il n'y a plus de poules ni de lapins, ni de foin mais encore des pommes, et leur odeur est toujours présente...

Allons, un peu de courage. Il y a tant à faire pour moderniser un peu cette vieille baraque de quatre pièces: la cuisine est à refaire entièrement, les autres pièces ne valent guère mieux, à part la chambre de l'oncle que je souhaite conserver telle quelle, car elle représente tout ce qui fait le charme des vieilles demeures...

Ce qui m'étonne un peu, c'est que le vieil oncle se soit un jour payé le luxe d'une télévision ultra-moderne, couleurs, douze chaînes préréglées, multi-standard , alors qu'il avait encore une antique T.S.F. et aucun magnétophone ni même électrophone. Sans doute avait-il été mal conseillé par quelque vendeur avide de gains faciles sur le dos d'un vieillard? La sagesse me commande de commencer par faire un ménage complet de la cuisine. J'en ressors en sueur, avec un tas d'ordures à faire brûler, et une liste de tout ce qu'il va falloir acheter pour remplacer les casseroles rouillées,les assiettes ébréchées, les verres si sales qu'un quintuple passage en lave-vaisselle (s'il y en avait un) ne suffirait pas à les rendre transparents.

Puis je m'attaque à la salle de séjour, laissée à l'abandon depuis le jour de sa mort, avec les journaux du mois d'avril qui traînent, les programmes anciens de la télé... J'ouvre les tiroirs pour ranger rapidement ce qui traîne, me réservant pour plus tard l'insolite de la découverte des photos jaunies, des menus objets anciens qui font le charme des vies disparues et rendent les morts plus proches de nous.

Sous la télévision, dans le meuble bas, trois cassettes vidéo sont alignées, ce qui est curieux vu l'absence de magnétoscope; et je doute fort que le vieil oncle ait eu l'idée de se procurer un tel instrument. Sur la tranche,le même titre au crayon noir:" Club 1","Club 2","Club 3"...

Décidément, une énigme que je m'emploierai à résoudre quand j'en aurai le loisir, car si je ne me depêche pas,Vanessa va arriver et trouver une pagaille monstre dans cette maison...

Et justement, sur la petite route, je reconnais le ronronnement du moteur de la petite voiture de Vanessa. C'est elle, j'en suis sûr! Elle ralentit, semble chercher. En effet, je lui ai donné des indications assez détaillées, mais c'est la première fois qu'elle vient et elle hésite, c'est normal. Je cours vers le portail juste à temps pour la voir arriver, freiner et s'arrêter devant moi. Je ne l'ai pas vue depuis huit jours,et je suis toujours subjugué par sa beauté lumineuse de blonde aux yeux bleus, au sourire clair.

Elle descend de voiture, m'enlace avec ardeur, nos bouches se reconnaissent, avides. Je prends sur moi, et c'est difficile, de m'arracher à son étreinte pour qu'elle puisse faire entrer la Renault dans la cour. On referme le portail. Voilà, nous sommes chez nous!

Je la prends par la taille, heureux de sentir le mouvement de son corps flexible quand elle marche. On fait le tour de la maison, puis on entre. Elle a soif, après une après-midi de route sous le soleil

-- Je prendrais bien une douche, me dit-elle en riant. Je lui fais remarquer qu'il n'y a qu'une façon de prendre une douche dans cette maison: c'est le tuyau d'arrosage en position arrosoir. Car de baignoire, point. L'eau courante est installée, il ne faut pas se plaindre!

-- Et pourquoi pas, me dit-elle? Chiche, où est le tuyau? Je la guide vers le fond du jardin, au milieu d'un bouquet d'arbustes laissés en friche je trouve ce que je cherche: un robinet rouillé.

Y a t’il au moins de l'eau? Impossible de dégripper ce satané robinet. Il faut aller chercher une pince dans la vieille grange. La porte grince, de la poussière tombe d'un peu partout. Vanessa, comme un jeune animal hume toutes les senteurs diffuses dans l'air chaud de cette fin d'après-midi, pendant que je découvre à grand-peine un outil adéquat, et le long tuyau de caoutchouc, qui est certainement percé car il n'a pas servi depuis bien longtemps.

Au fond de la grange, une longue et large pièce de bois inclinée à quarante-cinq degrés attire le regard de Vanessa.

-- Toi qui connais les meurs de la campagne puisque tu es déjà venu souvent ici, peux-tu me dire à quoi peut bien servir ceci?

-- A hisser les sacs de grain ou de pomme, je suppose. Les paysans d'autrefois avaient des idées fort ingénieuses pour s'épargner le travail: ils n'avaient pas l'usage de l'électricité comme aujourd'hui, ils étaient bien obligés de faire preuve d'imagination.

Cela leur ouvrait l'esprit... Un cri me fait tressauter, suivi d'un fracas :Vanessa a fait tomber la pièce de bois en s'appuyant contre elle. Je me précipite, elle git dans la poussière, se relève tant bien que mal, se tâte un peu partout: rien de cassé. Elle regarde de plus près l'agencement de la grande planche, et pousse un cri de surprise.

-- C'est étonnant! Je n'ai jamais rien vu de pareil. Regarde, Jacques, il y a de l'autre côté, au milieu, une sorte de moyeu qui sert à faire pivoter tout cela. Ce n'était donc pas par hasard que je me suis trouvé déséquilibrée. On dirait une sorte de tremplin, ou quelque chose de ce genre.

Intrigué à mon tour, je regarde de plus près cette table à bascule, et je remarque aux quatre coins des cordes terminées par des sa ngles en cuir assez larges. Ces cordes coulissent dans des rainures. Vraiment très insolite dans cet endroit, ne semblant correspondre à aucun usage particulier.

-- On dirait une table de supplices, lance Vanessa en se saisissant d'une courroie.

-- Tu es folle? Arrête tes fantasmes, chérie! On n'est plus au Moyen-âge, et cet objet m'a l'air trop récent pour remonter à ces temps barbares, non? Regarde, le bois est tout poli, presque neuf on dirait.

-- Ecoute, Jacques, je ne suis ni folle ni obsédée, mais je te jure que cela me fait irrésistiblement penser à un instrument où l'on peut lier les membres d'une personne. Regarde l'emplacement des sa ngles, et pourquoi cette possibilité de basculement de l'engin? D'ailleurs, si tu veux, on peut essayer.

Elle remet l'instrument vertical. Je passe derrière et constate que c'est une barre de fer qui coulisse dans des anneaux qui permet de basculer l'ensemble, et que cette barre est huilée .Pendant ce temps, Vanessa s'est haussée sur la pointe des pieds, et a passé ses poignets écartés dans les sa ngles.

-- Tiens, serre, mais pas trop fort. Tu vois, me dit-elle, la preuve que j'avais raison. C'est exactement adapté à ma taille. Assez troublé, d'une part par notre découverte, mais aussi par la tiédeur et la douceur du corps de Vanessa que je suis obligé de presser pour atteindre ses poignets, je la s a n g l e comme elle me l'a demandé, et je m'amuse à incliner de diverses façons la table,qui se bloque à différentes reprises sous l'effet d'une crémaillère, système ingénieux, un peu diabolique et en tout cas pervers, à coup sûr...

Vanessa a les yeux qui brillent étrangement, je m'éloigne un peu dans la grange pour la contempler, car c'est bien la première fois que je peux satisfaire un de mes fantasmes secrets : voir, immobile et lié, le corps d'une jeune femme. Je n'en ai encore jamais parlé à Vanessa, car, très amoureux d'elle, j'hésite à lui faire part de pensées qu'elle pourrait estimer troubles ou dégradantes. Lorsque je la détache, elle fond littéralement dans mes bras et me gratifie d'un baiser profond qui me laisse haletant! Et c'est elle-même qui me dit des mots qui mettent le feu dans mes veines:

-- Je suis ton esclave, chéri, j'aimerais que tu m'attaches nue sur cette table et que tu me maltraites. Oh, Jacques, écartèle-moi, flagelle-moi, crucifie-moi! Viens me déshabiller, me supplie-t-elle en se frottant à moi...

Je défais lentement les boutons de son chemisier, dévoilant sa gorge légèrement humide de transpiration -il fait si chaud dans cette grange -, je dégage les pans ,dénudant les globes fermes de ses seins , car elle n'a pas mis de soutien-gorge. Nue jusqu'à la taille, elle se laisse caresser en ondulant: je me mets à genoux devant elle pour m'attaquer à la fermeture de son jean qui la moule tellement que l'en extraire est un exercice de puissance...

Elle n'a plus sur elle que son slip , dont je saisis le tissu à la saillie des hanches, et que je fais rouler sur la chair de son ventre et de ses cuisses, dévoilant peu à peu la touffe dorée de son pubis et la chair nacrée de son sexe sur lequel je pose mes lèvres en lui arrachant un soupir de plaisir.

Elle envoie d'un pied leste le fin tissu voler dans la grange, et se laisse conduire jusqu'à la table contre laquelle je l'adosse. Docilement, elle lève les bras et je la s a n g l e de nouveau comme tout à l'heure, mais avec l'incomparable plaisir de la voir nue, la poitrine rehaussée par cette position. Puis , après lui avoir fait écarter les jambes, je bloque ses chevilles et la laisse immobilisée.

Il doit bien y avoir un moyen de tendre les cordes, je cherche minutieusement et je finis par trouver sous la table et près des quatre coins, un judicieux système de manivelle invisible qui tire les cordes, et je commence à tourner.

-- Tu me diras d'arrêter, car je ne veux absolument pas que tu aies mal.

-- Les s a n g l e s sont larges et ne me blessent pas, vas-y...

Et je continue jusqu'à ce que ma jolie prisonnière soit cambrée, ventre bien plat, poitrine tendue, aisselles creusées. Je me recule, elle s'aperçoit que je bande jusqu'à l'indécence.

-- N'est-ce pas que je suis une belle esclave à punir? me murmure-t-elle d'un ton aguichant.

-- Avec une seule différence, lui fais-je remarquer : c'est qu'une véritable esclave prête à recevoir son châtiment n'aurait certainement pas comme toi les pointes des seins dans un tel état d'excitation!

-- Viens me toucher, viens m'obliger, je n'en peux plus...

Autant que ses liens le lui permettent, elle ondule du ventre et des hanches, gonfle le coussin de son pubis vers moi, fait saillir les muscles de ses longues cuisses. J'essaie de retarder le moment de la pénétrer mais je ne peux résister à l'appel de son sexe offert et, debout, je l'empale d'un seul coup de ma verge tendue à me faire mal.

Je sens son intimité chaude me saisir et sans aucun préliminaire, nous jouissons ensemble immédiatement, elle la tête rejetées arrière, moi les ongles enfoncés dans la chair de ses épaules, bouches soudées. Aussi soudain le rut impétueux, aussi fort le sentiment de frustration qui nous prend, de ne plus nous désirer, de ne pas avoir été jusqu'au bout de nos jeux érotiques,d'avoir tenté une première expérience sans précaution, comme si nous n'attendions que cela depuis longtemps.

C'est sans parler que je la détache, qu'elle se rhabille, nous nous sentons un peu honteux comme si nous avions fait quelque chose d'interdit. C'est surtout la soudaineté, l'imprévu de la situation, la brutalité contenue en nous-mêmes, le rut brutal qui nous étonnent et nous inquiètent à la fois : nous sentons confusément qu'il va falloir décanter tout cela...

Nous marchons lentement dans ce petit domaine parfaitement clos. Des arbustes, des petits bois, nous isolent de tous côtés. Je m'étonne encore de trouver des traces de pneus abondantes au fond, près d'une petite porte dont on dirait qu'elle n'a pas servi depuis des années, mais enfin, il ne faut pas s'étonner de tout, et le soir tombe. Il va y avoir un très beau coucher de soleil. Vanessa est nue et le balancement de ses hanches m'émeut.

Elle m'aide à dévisser le robinet: miracle, il y a de l'eau. Nous vissons le tuyau, l'eau crachote et gonfle le caoutchouc, puis gicle avec des bruits bizarres. Je règle le mécanisme pour qu'une pluie fine et légère s'échappe avec des reflets d'arc-en-ciel.

Encore une fois ma jeune maîtresse s'amuse à me faire bander, immobile et nue face au couchant, me demandant de l'arroser, les bras levés tenant ses cheveux blonds au-dessus de sa tête. L'eau ruisselle sur sa peau nue, dégouline sur ses flancs , elle s'étire comme une jeune chatte. Je règle la pression un peu plus fort, pour l'atteindre plus précisément, et je joue à faire des massages sur sa peau qui se creuse aux endroits où l'eau froide la touche. C'est ainsi que, bien évidemment, je vise les globes de ses seins puis le triangle de son ventre qu'elle m'offre en ouvrant larges ses longues cuisses musclées.

-- Plus fort, me dit-elle tandis que je vise précisément la chair de sa vulve, et le jet disjoint ses lèvres intimes et va jouer avec le bouton caché de son clitoris.

-- Arrête, chéri, tu me chatouilles, supplie-t-elle, et je ferme le robinet, sûr de la laissée frustrée d'un plaisir humide et léger qu'elle prendra tout à l’heure avec moi. Elle ne se sèche pas, mais court, nue, jusqu'à la voiture. Elle sort une valise et en extrait une sorte de pareo dont elle s'enveloppe, et nous rentrons, amoureux, heureux, pour faire le point sur cette journée bizarre de retrouvailles...

-- C'est depuis que je suis toute petite, me confesse doucement Vanessa, alors que nous dînons d'un repas improvisé et tiré à la hâte des réserves bien minces de l'oncle Henri, que mon imagination est excitée par des scènes de brutalité :combien de fois ai-je relu ces passages de la Comtesse de Ségur où l'on fouettait les domestiques réticentes, les petites filles et les petits garçons...

Et j'adorais quand mes parents m'emmenaient au cinéma voir les films en technicolor où il y avait des pirates, des corsaires, et où le beau capitaine, fait prisonnier, était à un moment ou à un autre attaché au mat et fouetté par les rebelles. Son dos se marquait de sillons ruisselants et il donnait de grands coups de torse dans le bois du mât, mais il serrait les dents et supportait sans faiblir la correction. Et moi, je me sentais toute molle, toute chaude, les jambes en coton! Et toi?

-- C'est à peu près pareil, lui dis-je en tournant machinalement ma cuillère dans mon assiette, recherchant dans ma mémoire mes premiers émois. Oui, l'héroïne de " Quo Vadis " nue sur le dos d'un taureau furieux, dans l'arène, au milieu des chrétiens que l'on va crucifier... Le héros du " Livre de la Jungle " qui reçoit sur son dos des brandons enflammés ( car qu'importe le sexe lorsqu'on est petit..., seule la représentation de la brutalité compte). Dès ma jeunesse, les premières bandes dessinées un peu perverses, les films, les romans, j'étais à l'affût de tout. Pas toi?

-- Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt?

-- Depuis que je te connais, depuis que je sais que je t'aime, je n'y ai jamais pensé: mon amour pour toi est quand même bien plus fort que l'attrait du plaisir pour le plaisir. J'ai cru voir sous la lampe pâlichonne le visage de Vanessa rosir sous le compliment. Elle me répond que cependant l'amour n'empêche pas la recherche du plaisir, et que désormais, puisque nos pulsions sont identiques et qu'on le sait, on va pouvoir les prendre en compte... Est-ce le Côtes-du-rhône qui fait briller les yeux de ma jolie partenaire? Je lui promets en tout cas des délices que nous nous sommes jusqu'ici interdits.

-- Mais d'où peut venir une telle attirance pour ces spectacles et ces jeux si particuliers?

-- Ne te culpabilise pas, ma chérie, c'est beaucoup plus universellement répandu que tu ne le crois, et cela vient certainement de l'essence même de l'être humain. Je suis persuadé que l'homme est toujours tenté de prendre sa revanche sur la femme qu'il n'ose regarder, qu'il ne peut toucher, qui l'intimide et l'inhibe. En en faisant sa prisonnière, il l'immobilise, il la dénude, il la voit enfin à satiété. Cela c'est pour Freud et pour ses théories. Et puis il y a quand même, et c'est sans doute l'essentiel, la beauté du corps de la femme qui est exaltée par l'étirement de ses membres, cette offrande totale, qui décuple le désir et la jouissance.

-- Arrête, Jacques, ne m'excite pas comme cela, et mange! Tes discours donnent soif et sont tout à fait creux. Tu ne crois pas que les actes sont préférables ?

Elle se lève et passe ses bras autour de mon cou, me caresse la poitrine en se frottant contre mon dos. Les vacances que je me promettais reposantes prennent un tour bien différent. Mais qui s'en plaindrait?

Je lui explique que le spectacle de la nudité d'une jeune femme écartelée sur une croix est celui que tout homme normalement constitué trouve le plus érotique. Sa silhouette, membres tendus dans un ample mouvement qui l'offre, vulnérable aux regards, est affinée. Ses bras et ses jambes encadrent son corps comme pour mieux le donner. Le torse se trouve mis en relief par le jeu des muscles et des reliefs de la cage thoracique qui s'enfle et s'ouvre, les flancs dessinant légèrement les côtes,le diaphragme frémissant au rythme de la respiration.

Les aisselles, ordinairement cachées, et pourtant si évocatrices de félicités amoureuses, sont ici largement déployées, leur creux se mariant esthétiquement avec le gonflement des globes de chair des seins. Ceux-ci sont rehaussés sur le torse, prennent tout leur volume, un relief étonnant, les pointes se dressent d'elles-mêmes, orgueilleuses, et le moindre mouvement du corps fait osciller a chair ferme et nue, permettant de juger de la densité, du moelleux des rondeurs féminines.

Que dire du ventre, sinon qu'il devient sublime ? De profil, on peut parcourir des yeux ce très léger bombement qui descend jusqu'aux limites du pubis, gonflé comme un fruit mûr... De face, le triangle dévoile ses secrets, la fente sexuelle, lèvres légèrement disjointes, se dévoile avec une impudeur superbe, le rose de la chair intime se mariant avec le fauve des boucles et la carnation des aines et des cuisses. Cuisses ouvertes, écartées, montrant le satin de leur face intérieure, le creux soyeux, parfois léger, parfois plus profond, qui révèle les attaches de la musculature avec les alentours du sexe, les veinules bleues, les frémissements incontrôlables de la surface de la peau.

Et lorsqu'on se recule et qu'on embrasse ainsi d'un seul coup d'oeil toute la splendeur de l'anatomie nue d'une jolie femme intégralement offerte. Quel bonheur et quel spectacle!

Quand la nuit est tombée, épuisés tous les deux par notre première journée de vacances, nous laissons la vaisselle sale sur la table et nous nous endormons comme deux masses inertes, laissant au lendemain le soin de nous enseigner les secrets de cette étrange bicoque...

Nous n'allons pas attendre longtemps pour détenir la clef du mystère... Trois jours seulement après notre arrivée et alors que nous profitons du repos, après maints travaux domestiques et d'un repas sur le pouce, le grelot du portail sonne par trois fois. Nous n'attendons personne, et nous n'avons pas tellement envie d'être dérangés. Vanessa, de mauvais gré, se lève de sa chaise longue, entrouvre la porte.

--Monsieur Bonneuil peut-il nous recevoir? Un homme très correctement vêtu , avec recherche et avec l'élégance que donne l'habitude de l'argent s'incline un peu cérémonieusement devant ma blonde amie. Il est accompagné de deux jeunes femmes habillées beaucoup plus succinctement d'un chemisier transparent et d'un short ultra-court pour l'une, d'un tee-shirt moulant et d'une mini-jupe pour l'autre.

Vanessa laisse entrer les trois visiteurs. Lorsque je les vois, je me demande quel peut bien être le rapport de ces citadins à la mode et du vieil oncle décédé.

-- Excusez-moi de vous décevoir, mais Monsieur Bonneuil ne peut guère vous recevoir, pour la simple raison qu'il n'est plus de ce monde depuis bientôt quatre mois... Mais si je peux vous être utile? Je suis son neveu et c'est ma fiancée et moi qui désormais avons l'usage de ce petit domaine.

--Arnaud de Peltrac, se présente notre visiteur. Ma femme, Véronique,et son amie Patricia. Nous sommes désolés du décès de votre oncle. Nous le connaissions bien, même si cela peut vous surprendre, comme je crois le lire sur votre visage !

--En effet, je dois avouer notre surprise : la rusticité et la quasi-sauvagerie de mon défunt oncle ne le destinaient certainement pas à fréquenter des personnes aussi... civilisées que vous. Pourriez-vous nous indiquer l'objet de votre visite?

--C'est exact, indique notre visiteur en se courbant légèrement comme pour s'excuser. Mais d'abord, je pense que vous connaissez, puisque vous êtes le légataire de votre oncle, la... particularité de cette maison. C'est pour elle que nous venons, bien sûr, comme nous le faisons depuis des années.

Je me dis en moi-même que ces inconnus vont nous permettre de comprendre en effet les petits détails qui détonent dans notre environnement: poste de télé et cassettes vidéo... sans magnétoscope, instrument bizarre dans la grange, traces de pneus depuis la porte au fond du domaine...

Je passe lentement ma main sur mon menton, en un geste réflexe qui marque ma perplexité. Que peut bien trouver d'intéressant à cet endroit banal un trio de Parisiens en goguette? Bref, de fil en aiguille, nous avons droit, Vanessa et moi, à un récit peu ordinaire et qui nous tient en haleine !

Il y a quelques années, Arnaud de Peltrac, fils d'une famille notable du Bordelais, a commencé des études archéologiques, pour plaire à ses parents, alors qu'en fait il souhaitait se diriger vers le monde du cinéma, où il avait des relations. Déjà il avait commencé à travailler d'un côté ou de l'autre de la caméra, et puis, de fil en aiguille, il s'était retrouvé dans le magma juteux du cinéma érotico-pornographique, aux plus belles heures de la libération du "hard". Or,un jour, survolant la Normandie en espérant, grâce aux techniques modernes, retrouver quelques sites archéologiques, il avait découvert, à la lumière rasante du soleil couchant, les traces au sol d'immenses bâtiments conventuels. Excité par cette découverte, il avait pris des photographies et s'était rendu au domaine de l'oncle Henri, car sa grange était un minuscule vestige de l'abbaye préexistante.

L'oncle, d'abord bougon, s'était peu à peu apprivoisé et avait laissé Arnaud visiter la grange, puis s'était pris d'admiration pour Arnaud lorsque celui-ci lui avait fait découvrir, derrière un tas de fagots, une porte de fer jusque-là inconnue de lui. Une crypte, un sous-sol, il y avait quelque chose...

Arnaud était revenu, l'oncle était devenu son ami. Des ouvriers avaient déblayé l'antique escalier de pierre, et ils avaient eu le plaisir de découvrir une splendide salle gothique, une pure merveille par ses proportions. Et les sous-sols s'étendaient bien au-delà des limites de la propriété. Arnaud avait alors persuadé l'oncle de lui confier la mission de remettre cette crypte en état, et même de la lui louer.

En effet, le cinéaste avait une idée derrière la tête: cette salle lui convenait parfaitement pour le tournage de certaines scènes dans le film qu'il était entrain de réaliser "les sorcières nues". Juste ce qu'il lui fallait pour les scènes de tourments: un bâtiment aussi bien conservé...

L'électricité avait été amenée dans la crypte, une véritable salle de supplices à l'ancienne avait été aménagée, avec des instruments reconstitués, et tout l'attirail nécessaire à ce genre de lieux. Il fallait bien mettre l'oncle Henri dans le coup : on l'avait amadoué en lui aménageant, dans le passage circulaire qui surplombait la crypte, un endroit d'où il pourrait voir les scènes filmées.

Puis, de fil en aiguille, on lui avait apporté la télé, un magnétoscope, et le seul paiement qu'il exigeait en contrepartie des allées et venues dans son jardin et dans la grange, les coupures des films, et les chutes, enfin tout ce qu'il voulait...

D'où notre étonnement devant l'atmosphère particulière de la grange: la grande planche de bois était effectivement un accessoire qui encombrait la crypte et que l'on avait remonté à l'air libre... D'où les films vidéo... d'où la grande télé...

--Bref, conclut Arnaud, si nous sommes ici aujourd'hui, c'est que je termine le tournage d'une production érotique et que nous aurions eu de nouveau besoin de tourner dans la crypte... et également dans le verger. Sera-ce possible?

Vanessa et moi essayons de ne pas montrer notre ébahissement devant l'avalanche de nouvelles qui viennent de nous être assénées... Un lieu si calme, un vieil homme à l'aspect si débonnaire, si paysan, une vieille grange, toute cette imagerie de pacotille un peu fanée mais si reposante pour les citadins que nous sommes, maintenant revue et corrigée, devenant un ensemble sulfureux, méphitique, sentant le stupre et la débauche ? Mais, bah! les vacances sont les vacances, nous sommes jeunes et prêts à tout, et c'est sans hésiter que je m'entends répondre

-- Certainement, cher Monsieur, il ne faut pas laisser vos investissements dépérir. Nous sommes à votre disposition, actuellement libres comme l'air pour deux mois, à deux conditions cependant.

-- Allez, dites lesquelles?

--La première est que nous buvions le verre de l'amitié. Et la seconde que vous nous mettiez un peu au courant de ce que vous comptez faire. Si nous sommes ravis de mettre un peu d'imprévu dans nos vacances, nous ne tenons quand même pas à un bouleversement trop profond de nos habitudes : Vanessa et moi aimons choisir nos amis, et nous ne tenons pas à être envahis par des inconnus ou des casse-pieds...

Arnaud et ses compagnes acquiescent volontiers à notre demande, et c'est devant des boissons fraîches que nous faisons plus ample connaissance.

-- Avez-vous vu le film que nous avons en partie tourné ici, "les Sorcières nues"? me demande Véronique, la blonde femme de notre visiteur.

-- Nous n'allons pas souvent au cinéma, répond Vanessa, et lorsque nous y allons, nous recherchons des films qui font l'affiche... Le cinéma porno, nous l'avons fréquenté comme tout le monde : mais on s'en lasse très vite ! Du cul, toujours du cul, et puis des gros plans, beurk !

-- Le vieux débat sur l'érotisme et la pornographie, vous connaissez aussi. Mais je ne fais pas dans le porno, comme vous dites : nous cherchons toujours la subtilité de l'érotisme, même s'il doit y avoir crudité de certaines scènes, il n'y a pas obligatoirement vulgarité.

Et quand je fais tourner Patricia ou Véronique, je vous prie de croire que jamais elles n'ont sombré dans la vulgarité. La nudité, c'est naturel, c'est sain, et les fantasmes, cela s'assouvit plus naturellement par un film que dans la vie, heureusement.

--Mais si j'ai bien compris, rétorqué-je, vous vous êtes spécialisés dans l'érotisme un peu sulfureux du sado -masochisme?

-- Soyons francs, il faut regarder les réalités en face, nous dit Arnaud: vous-même, vous êtes bien allés voir "Histoire d'O", je suppose ? Et le succès du film vient-il à votre avis de la qualité de l'histoire ou des femmes que l'on y malmène ?

--Certes, est bien obligée de reconnaître Vanessa, mais dans ce film on suggère plus qu'on ne montre...

-- Et cela t'a laissé une impression de frustration ? Allez, ne nie pas, se moque Véronique en tutoyant son interlocutrice pour la première fois...

--Alors, poursuit Arnaud, nous, nous allons plus loin, pour éviter de frustrer le spectateur nous montrons davantage que nous suggérons, et nous sommes devenus des spécialistes dans ce créneau un peu particulier où évoluent les vampires, les démons, les sorcières et les Inquisiteurs , les sadiques et leurs instruments. Et je dois dire que la crypte de Tailleville nous a beaucoup aidés...

-- Et vous avez souvent tourné ici?

-- Chacun de nos films a été l'occasion de nous retrouver dans cette sympathique ambiance avec votre oncle, son vieux calva et son accueil si particulier . Nous avons tourné, à part "les Sorcières nues", des machins comme "la reine de la guerre", "les démons sadiques", "le Vampire au couvent", et d'autres...

-- Et votre vedette préférée, c'est...?

-- Mes vedettes préférées, les voici : Véronique a tourné dans chacun de mes films le rôle principal, et Patricia a souvent joué aussi.

A Vanessa qui fait la moue en critiquant la morbidité des sujets et sans doute les déversements d'hémoglobine, Arnaud répond vivement:

--D'abord, il n'y a pas d'hémoglobine ( à part quelques traces, bien sûr). Ce n'est pas la souffrance que nous recherchons, c'est la concrétisation bien particulière du fantasme préféré de tout homme normalement constitué ! Ne niez pas, le corps de la femme est bien le plus bel objet à montrer sur un écran, et quand il est rendu encore plus splendide par une position qui la tend, qui l'offre, qui la fait plus femme, plus sensuelle, plus sexuelle, cela c'est le summum de l'érotisme!

D'ailleurs, dès la plus haute antiquité, et dans toutes les sociétés, les instruments que l'on a inventés pour punir les voleurs, les traîtres, les femmes infidèles, les ennemis, se sont toujours ressemblés : d'abord le simple poteau, puis la croix, qu'elle soit en T ou en X. Et pourquoi donc, sinon pour pouvoir châtier certes, mais pour le plaisir du spectacle, bien sûr. Cette représentation sera à son apogée avec la crucifixion du Christ, qui banalisera le crucifix, avec dessus un homme nu venant d'être flagellé. Et je pense que toutes les femmes sont sensibles à cette représentation, même si certaines enfouissent cette idée au tréfonds de leur cerveau. Mais il n'y a pas de honte à avoir...

--Pour ma part, renchérit Véronique, c'est une réflexion approfondie avec une bande de copines au lycée, sur ce sujet, qui m'a ouvert le monde merveilleux de la volupté dans la souffrance...

-- Vous n'avez pas l'air convaincue, Vanessa, demande Arnaud en posant un sourcil interrogateur sur le beau visage de ma compagne, qui me semble rêveuse depuis un instant...

--Nous ne nous connaissons pas encore suffisamment pour que , comme çà, je vous livre les secrets peut-être sulfureux de mon âme.

Chacun a le droit, comme les bibliothèques, d'avoir son "Enfer"... mais votre cours digne d'un professeur de Sorbonne m'intéresse beaucoup... Mais en un mot, je ne suis pas une refoulée et j'ai mes fantasmes, comme tout le monde.

--Et moi, poursuit Arnaud, je me suis consacré à l'assouvissement du plus vieux, du plus profond et du plus érotique de ces fantasmes, celui du sado -masochisme inhérent à toute âme humaine. Quant à la représentation figurée de ces fantasmes, toutes les études vous prouveront qu'elles servent de défouloir, de dérivatif...

--Et qu'en somme vous êtes un bienfaiteur de l'humanité !! s'exclame Vanessa...

--N'allons pas jusque-là, mais je refuse l'hypocrisie et je montre en plein jour ce que les autres montrent sous couvert d'Histoire, de fidélité aux oeuvres, de compréhension, ou simplement pour faire oeuvre d'art... Vous connaissez, j'en suis sûr, pas mal de ces films? On fait un tour d'horizon?

Je commence comme tout le monde aurait commencé. Qui n'a pas vu "Histoire d'O", ses images léchées et ses flagellations mondaines. Arnaud me fait remarquer qu'on en sort frustré, car, même si les actrices sont belles, bien dénudées et joliment suppliciées, on ne voit jamais l'impact de la cravache sur la peau nue, et les soubresauts des jeunes actrices sont bien artificiels ! Il connaît bien son sujet, le bougre ! Il peste contre le chiffon qui cache à moitié les fesses et le ventre de Brigitte Skai dans "Isabelle, duchesse du diable et de l'amour", au moment où, bras et jambes liés bien écartés à deux poteaux, elle se fait fouetter par deux sbires sadiques... Là, le fouet claque avec une sonorité réaliste, mais a-t-on déjà vu un sadique recouvrir la croupe de celle qu'il va fouetter? En tout cas, il apprécie en connaisseur les tensions du corps malmené.

-- Mais, se souvient tout à coup notre professeur es-tourments, il doit y avoir ici une anthologie complète des meilleures scènes où la femme est offerte sans défense à ses tourmenteurs. Vous permettez?

Il se dirige vers une armoire, un tiroir profond, il en sort quelques cassettes que nous n'avions pas encore découvertes. Puis, à notre surprise, il en extrait un magnétoscope portable qu'il place sous le téléviseur, branche. Il compare les cassettes ,et enclenche le mécanisme.

-- Regardez, dans les années cinquante à soixante, les films de gangsters arrivaient à rouler la censure parce que l'histoire exigeait que de jolies femmes avouent leur appartenance à tel ou tel clan. Premier exemple "Des femmes disparaissent". Une belle blonde, plantureuse, se débat entre deux hommes, elle a trahi , sans doute puisqu'elle doit être punie. On lui tient les bras derrière le dos, sa robe est déchirée, deux seins magnifiques apparaissent, le buste est nu. Elle n'est bientôt plus vêtue que de sa culotte, que l'on ne lui enlève pas, Anastasie veillait. D'ailleurs, même si les plans arrivent à montrer le corps jusqu'au nombril et même un peu plus bas, c'est surtout les rondeurs de la poitrine qui forment les gros plans. Et la fille est par dix fois cravachée avec une fine badine qui la fait hurler de douleur alors qu'elle est déjetée et offerte sur un lit. Une quinzaine de secondes, pas plus, mais pour l'époque c'est déjà beaucoup...

C'est surtout à partir des années soixante-dix que l'on a pu voir des scènes comme celles-là :"la Reine des Vikings", un film particulièrement sadique, où la belle Carita est attachée aux timons d'un chariot, dénudée jusqu'à la ceinture et flagellée si cruellement que son dos tout entier n'est plus qu'une plaie ruisselante. Et même, regardez dans les si courts extraits des peplums, des belles chrétiennes en croix, mais revêtues de longues robes. Même Nicole Courcel condamnée à être fouettée car elle a pénétré dans un camp romain... mais à peine l'a-t-on liée au poteau que les soldats la cachent aux regards, et que seuls deux coups bien faibles suggèrent le supplice... Même prétexte dans "la Terre des Pharaons" où Joan Collins ,dos offert mais avec un soutien-gorge qui barre sa silhouette, reçoit trois jolis coups d'un fouet à multiples lanières, qu'elle supporte vaillamment...Michèle Mercier, quant à elle, est bien souvent en de fâcheuses postures dans la fameuse série des Angéliques, mais jamais au grand jamais on ne peut voir ni ses fesses ni ses seins. On ne dénude pas pour fouetter, dans notre bon cinéma de papa ! Et combien de générations ont été frustrées, s'imaginant voir les fesses de Martine Carol ou d'Estella Blain, et la caméra s'arrêtant juste, limite au ras des reins, ou recouvrant leurs charmantes rondeurs de chiffons exécrables !

-- Ecoute, Arnaud, tu es bien gentil, mais tu as vu ? Véronique a tapoté le cadran de sa montre... Explique quand même pourquoi on est là, ce que l'on souhaite, il ne faut pas profiter du temps de nos hôtes!

Je passerais bien la nuit à écouter notre nouvel ami, mais il arrête le défilement de la bande magnétique, et conclut: Voilà, vous avez entendu la voix de la sagesse: regardez la suite, vous apprendrez beaucoup de choses sur l'érotisme de cette fin de siècle. Sans transition, je vous demande si nous pouvons avoir accès à notre salle de tournage, pour prendre quelques notes afin de préparer notre tournage.

Nous acquiesçons bien vite, soucieux de ne pas montrer notre excitation à la pensée de découvrir cet endroit à la fois érotique et fantastique. A notre grand étonnement, c'est derrière un tas de fagots que se trouve la porte secrète, qu'Arnaud ouvre avec une clef prise dans une crevasse du mur ! Un escalier plonge dans les ténèbres, mais nous allons de stupeur en stupeur en nous apercevant que l'électricité a été aménagée, les fils soigneusement cachés dans les plafonds ou les creux des colonnes, et les éclairages rappelant à s'y méprendre les torches médiévales. Nous descendons un escalier de pierre en colimaçon pour arriver devant une seconde porte, cette fois-ci en fer et fortement blindée. Nous pénétrons dans cette crypte souterraine, Vanessa ne peut retenir un cri d'admiration effrayée

D'un seul coup, nous nous trouvons transportés des siècles en arrière, dans une salle de tourments où tout semble avoir fonctionné il y a si peu de temps : au fond, deux grandes croix en X, vernies, munies de s a n g l e s, contre le mur. A droite, une longue table prévue pour l'élongation, avec un treuil et des chaînes ; un chevalet dont l'arête centrale paraît coupante, instrument démoniaque s'il en est. Puis, des hauteurs sombres pendent cordes et chaînes, alors qu'une grande cheminée orne le mur de gauche, avec, au mur des deux côtés et au-dessus, tous les instruments qui servent à lacérer, tordre, couper, pincer et brûler...

On distingue mal le fond de la pièce, mais déjà ce décor étrangement réaliste fait frissonner Vanessa, alors que Véronique et Patricia nous contemplent d'un air goguenard.

-- N'est-ce pas que notre crypte est réussie, se vante Patricia. Regardez, c'est sur cette croix que nous avons été filmées, Véro et moi. C'était super! Et le film a eu tellement de succès que nous allons retourner une scène presque semblable pour notre prochaine production. On aura même des accessoires supplémentaires !

-- Montre-leur donc le fouet que j'ai fait venir spécialement du Japon et dont je suis si fier que je l'ai déjà utilisé deux fois... On fabrique des choses étonnantes à notre époque, vous allez voir !

Patricia détache du mur du fond un instrument un peu poussiéreux, car il est resté dans la grange de longs mois, et le secoue pour nous le montrer. C'est un fouet apparemment diabolique fait pour cingler bien sûr, nous dit-elle, mais aussi pour arracher la peau... Dans le manche, des piles et une puce électronique ( on n'arrête pas le progrès) pour faire fonctionner le tout. Comme il n'est pas pensable d'abîmer le corps des acteurs , même et surtout des actrices, et que les spectateurs demandent de plus en plus de réalisme aux scènes tournées, l'engin a deux fonctions simulatrices, que Patricia nous indique :

-- Vous voyez ces crochets de fer ? Eh bien, ils ne sont pas en fer !... C'est à s'y méprendre, n'est-ce pas? Ils sont en plastique spécial recouvert d'une matière légèrement adhésive,et à l'intérieur de chaque crochet il y a un liquide un peu épais et rouge, qui s'écoule lorsque le crochet est adhérent à la peau. C'est absolument incroyable l'impression de réalisme que cela peut procurer... D'autant plus que la seconde pile permet à une sorte de générateur d'émettre un claquement très sonore et fort suggestif à chaque fois que le fouet entre en contact avec une surface quelconque... Tenez, touchez !

Vanessa prend l'instrument, le retourne, le soupèse, et concède qu'en effet elle jurerait un véritable instrument de supplice, et que même après avoir reçu ces explications elle aurait toujours un peu peur de l'essayer ! Mais Arnaud profite de l'occasion:

-- Mademoiselle Vanessa, je serais heureux que vous tourniez dans une de nos prochaines productions. Vous avez un corps magnifique, une très jolie blondeur et un visage fort agréable... Et puis, cela pimenterait un peu vos vacances, qu'en pensez-vous?

Vanessa n'a pas un instant d'hésitation ! Alors le cinéaste lui dit qu'elle doit expérimenter le fouet qu'elle a dans les mains, comme preuve de sa dextérité et de son aptitude à jouer dans les films que l'on tournera dans la crypte. Comme pour la mettre devant le fait accompli, Véronique a retiré, dans un geste fort gracieux, son tee-shirt, et, le buste nu, se laisse complaisamment attacher, bras levés, à une colonne au centre de la salle. Et là, bombant le torse et creusant le ventre, elle défie Vanessa:

-- Allez, vas-y, flagelle-moi, le plus fort possible !

Vanessa est rouge de confusion, le fouet pendant au bout de son bras. Je lui souffle "Eh bien, tu ne vas pas te dégonfler, puisqu'on t'a dit que ce n'était qu'un simulacre..." Elle hésite longuement, puis s'exécute. Elle lance les lanières en direction du corps offert, à toute volée.

Un claquement sec au moment de l'impact sur le buste nu. les crochets s'incrustent dans les deux globes qui oscillent. Véronique a poussé un hurlement strident. Et lorsque Vanessa veut retirer le fouet, les lanières semblent s'accrocher à la peau, et déchirent les rondeurs fermement pointées, en laissant des sillons ruisselants sur la poitrine de la jeune actrice qui se cambre et continue à hurler et à gémir...

Enfin le fouet s'arrache, c'est le cas de le dire, du corps féminin, et Véronique, au grand soulagement de Vanessa, éclate de rire alors qu'on la détache et qu'elle montre rapidement, en se passant une éponge sur les seins, qu'elle ne garde aucune trace...

J'essaie de cacher mon excitation à Vanessa, mais c'est avec soulagement que je l'entends dire à Arnaud qu'elle veut bien tourner dans son film, si c'est aussi peu dangereux : d'abord je viens de voir le buste nu de Véronique, et c'est un spectacle magnifique; je me dis ensuite que je vais pouvoir, mine de rien, essayer cet instrument sur le corps de Vanessa, et que c'est un rêve pour moi qui va se réaliser.

Fouetter avec tant de réalisme la chair tendre de ma jolie partenaire, quel plaisir : j'en bande rien que d'y penser ! Et puis je vois autour de moi ces jolies femmes, Arnaud si sûr de lui et ce mélange de réalité et de fantasmes, qui me fait me détacher de la réalité pour vivre sur une autre planète...

Arnaud nous fait voir quelques autres instruments maléfiques mais inoffensifs : une pince coupante dont la mousse plastique imite à s'y méprendre la dureté et le coupant de l'acier, des chaînes qui grincent mais dont on ne peut soupçonner l'invisible élasticité, ce qui fait que les membres étirés ne le sont que pour l'esprit des spectateurs, grâce au savoir-faire des comédiens qui miment à la perfection le simulacre du supplice de l'écartèlement...

Bref, quand nous revenons à la maison, nous faisons partie de l'équipe d'Arnaud, prêts à tout pour passer un été riche en expériences et en sensations nouvelles... Nous lui donnons les clefs du portail au fond du verger, comme l'oncle Henri avait l'habitude de le faire, dit-il, après nous avoir expliqué où se trouvaient ces clefs... Dans le pot de fleurs, à l'extérieur de la grange! C'est original. Et il nous explique qu'il reviendra dès le lundi de la semaine suivante, pour mettre au point les décors, l'éclairage, et commencer le tournage de son nouveau film...

--Cela nous laisse six jours pour vous intégrer complètement... Vous avez l'intelligence et le charme qu'il faut , dit-il en se tournant respectivement vers moi-même et vers Vanessa... Vous pourrez beaucoup nous aider, j'en suis sûr! Ah! Si vous pouviez dès maintenant nous rendre un service...

Nous acquiesçons, bien entendu... Il sort de son portefeuille un petit papier dactylographié... Pouvez-vous faire passer dès demain mardi dans le journal local cette petite annonce? Il nous tend le papier ."Cinéaste professionnel recherche figurantes pour tournage film érotique . Deux jours maximum, bonne rémunération. Se trouver vendredi à 8 heures..." suit l'adresse, à Cabourg. Vendredi matin, à cette adresse, se trouveront un des mes cameramen et son assistant... Ils suivront vos conseils, en matière de recrutement. Je fais confiance à votre goût... Allez, à lundi!

L'annonce est explicite et le journal local n'a pourtant pas tiqué pour la publier! Eh bien, à vendredi...

Nous nous disons que personne ne se présentera, et nous ne nous faisons guère d'illusion quand nous arrêtons la voiture à Cabourg devant la salle de gymnastique qu'Arnaud a louée pour la matinée,. Il est sept heures et demie, le fond de l'air est frais, et le soleil qui brille annonce une journée magnifique. Le cameraman n'est pas encore arrivé...

A peine sommes-nous entrés qu'on sonne à la porte : c'est la première arrivante. On la fait patienter...

Deux hommes débarquent avec caméras, projecteurs, trépieds, fils de diverses couleurs et grosseurs. Georges, la cinquantaine enrobée, et Noureddine, son jeune assistant. Nous faisons connaissance... Quand nous ouvrons la porte, une demi-heure plus tard, c'est la surprise : dans l'antichambre, elles sont une bonne quinzaine à se bousculer. Incroyable!

-- Comment va-t-on s'y prendre, murmure Vanessa, débordée?

-- Il faudrait les faire rentrer deux par deux, sinon nous allons y passer la journée.

-- D'accord, mais je ne vais pas raconter dix fois les mêmes boniments?

Je vais commencer par un "briefing" général. Et je me lance:

Mesdemoiselles, heureux de votre présence. Arnaud de Peltrac, le metteur en scène bien connu, est pour quelques jours dans la région pour tourner quelques scènes d'un film hitorico-érotique. Il a besoin de figurantes, il nous a demandé, avec mon assistante (je désigne Vanessa) de procéder aux essais avec de jeunes femmes talentueuses et jolies. J'ai dit qu'il s'agissait d'un film érotique, il faudra donc tourner très légèrement vêtues, si vous comprenez ce que je veux dire.

-- Erotique ou pornographique? Une petite brune m'a interrompu, il semble que les autres acquiescent, elles ont un peu angoissées, il va falloir les décoincer!

-- Quelle différence voyez-vous, mademoiselle?

-- Eh bien, moi je veux bien tourner à poil, parce que sur la plage on y est pratiquement... mais je ne veux pas me faire baiser par des mecs que je ne connais pas.

-- Elle a raison. On veut connaître le scénario.

-- Nous sommes là pour ça: il s'agit d'un procès en sorcellerie, où toutes les jeunes filles d'un village sont raflées par la Sainte Inquisition, remplissent les cachots et sont maltraitée par des inquisiteurs en cagoule, mais souvent en second plan les deux actrices principales étant déjà connues dans le cercle de ce genre de cinéma...

-- Mais c'est vachement sado votre truc. Et nous, on ne veut pas servir de cobayes pour des trucs douloureux qui font bander des vieux cochons, n'est-ce pas les filles?

-- Rassurez-vous mesdemoiselles, les artifices du trucage sont parfaits. Maintenant, si certaines d'entre vous ne sont pas convaincues, Vanessa va vous montrer quelques instruments bien imités. Et s'il y en a qui restent sceptiques, je ne les retiens pas, cela fera davantage de place pour les autres. D'accord?

Vanessa va chercher deux fouets en plastique, et les tenailles spéciales qui imitent si bien les instruments médiévaux. Les jeunes filles se pressent autour d'elle, se font montrer ces objets sous toutes les coutures. A la fin, l'une d'entre elles s'éclipse discrètement : elle n'a pas confiance... Les autres sont prêtes à faire un bout d'essai.

-- Nous allons procéder, pour plus de rapidité, par deux personnes à la fois. Les deux premières, s'il vous plaît?

Deux filles s'avancent: à première vue, il n'y a pas de quoi s'affoler. Deux petites brunes, jolies parce qu'elles sont jeunes, mais qui ne semblent pas tellement délurées. Enfin, on verra bien.

-- Imaginez que nous sommes dans une salle des supplices. L'une d'entre vous est l'inquisiteur et l'autre la victime. On inversera les rôles tout à l'heure. Il faut que vous vous exprimiez parfaitement, on a besoin de jolies filles parfaitement à l'aise. D'accord? Alors, l'une d'entre vous se met nue, et se pend par les bras aux espaliers, comme si elle voulait faire des mouvements de gymnastique. Allons-y...

Bonne volonté parfaite des deux candidates, un peu godiches, dont le corps n'inspire pas de commentaires dithyrambiques, mais qui pourront sans doute tourner, mais vraiment en figurantes au second plan, pour meubler...

-- Aux suivantes !

Vanessa et moi admirons de jolies jambes, des poitrines de diverses proportions, mais toutes joliment dessinées, certaines un peu fortes... On voit que les filles cherchent à se faire un peu d'argent de poche, mais que dans l'ensemble elles n'ont jamais tourné de films. Cependant, trois dans le lot se montrent davantage à la hauteur.

Je décide de leur demander de rester plus longtemps pour un bout d'essai un peu plus sérieux. Nous avons à peu près terminé lorsque la porte s'ouvre sur deux nouvelles candidates, très en retard, qui s'excusent.

-- Pouvons-nous quand même faire l'essai? Je suis très intrigué par ce couple de jeunes femmes, dont l'une, très grande et très blonde, athlétique par ses formes et magnifique par ses proportions, semble soumise à la seconde, qui prend la parole pour elle.

En fait c'est une étrangère, elle parle, elle roucoule plutôt, avec un accent nordique délicieux. Je leur explique de quoi il s'agit, Vanessa montre de nouveau les instruments. On les met en place.

-- Ma camarade Ingrid demande si elle peut être fouettée ? indique sa compagne, aux grands acquiescements de l'autre qui se déshabille prestement, et apparaît dans une nudité radieuse,chair intégralement bronzée, blondeur vraie et muscles longs et fuselés. Mais ce qui me fascine, c'est qu'elle porte sur tout son corps, du haut de la poitrine jusqu'aux cuisses, des balafres nettes et roses qu'elle exhibe avec fierté.

-- Si vous voulez, répond Vanessa : nous avons apporté deux fouets, l'un en soie, l'autre, japonais, en plastique, absolument terrifiant mais inoffensif. Lequel voulez-vous essayer ? En même temps qu'elle parle, je vois Vanessa ouvrir des yeux stupéfaits devant les marques qu'arbore la jeune Danoise.

-- Non, non, nous nous sommes mal fait comprendre, insiste la jeune fille. Elle souhaite être vraiment fouettée, avec un vrai fouet. Elle adore cela, d'ailleurs, voyez ces traces, elles sont encore fraîches, mais cela fait trois jours qu'elle est en manque.

-- Vous vous moquez de nous, réplique Vanessa avec un air d'incrédulité. En même temps, elle s'approche de la blonde, passe un doigt sur une zébrure qui traverse la soie de son dos bronzé. Retire son doigt comme si elle était brûlée...Et, vraiment, tu aimes cela ? C'est incroyable !

-- J'aime beaucoup, confirme la jeune fille avec son accent délicat. Je dois être un cas médical: je n'arrive pas à souffrir vraiment. Mais qu'est-ce que je jouis, alors ça !

-- Mais tu ne peux pas te promener sur la plage avec ces traces?

-- Au contraire, c'est très amusant :les hommes ont deux types de réaction, les uns s'apitoient, les autres au contraire sont prêts à faire de moi leur esclave. Ils me promettent mille soins... ou mille tourments. Et leur imagination est sans limite ! Quant aux femmes, elles ont le plus souvent un regard très méchant : elles comprennent que je fais ce qu'elles n'osent pas faire . Parfois aussi, elles ont un regard d'envie, mais c'est rare.

-- Et, tu as été l'esclave de beaucoup d'hommes?

-- Je regrette beaucoup , dit-elle avec un regard appuyé sur Vanessa... Je n'aime que les femmes

-- Mais nous n'avons pas de fouet véritable, au moins ici. Tu ne veux pas essayer avec celui-ci ? Et je lui montre le fouet japonais qui terrifie tant les jeunes femmes...

Elle désigne mon pantalon: "Mais vous avez une jolie ceinture de cuir. Prêtez-la à mon amie, s'il vous plaît...".

Ahuri, j'acquiesce...Je suis plus inquiet que l'intéressée elle-même, qui, splendidement nue, saute pour agripper les barreaux supérieurs de l'espalier contre le mur, puis se laisse pendre, gonflant sa poitrine et rentrant son ventre... Elle cherche a glisser ses pieds entre deux montants, les cale, cuisses écartées, laissant admirer sa féminité.

-- Vas-y, Helga, fouette!

L'officiante, bien campée face au corps tendu, a bien pris en main ma ceinture, et la première cinglée atteint sa compagne en plein ventre. Je suis surpris par la sécheresse et l'intensité du claquement, dues au fait que la ceinture est assez large. Par là même, me dis-je, elle ne peut blesser profondément...

Ce en quoi je me trompe, car je vois une rayure rosâtre se former sur la chair musclée du ventre d'Ingrid, qui n'a poussé qu'un soupir, et dont le visage ne s'est même pas crispé au moment de l'impact. Je me dis en moi-même que ce véritable phénomène, lorsque je vais la présenter à Arnaud, va faire un malheur!

Le second claquement me rappelle à la réalité : je ne peux détacher mes yeux de ce spectacle admirable qu'est le corps de la jeune Danoise martyrisé par son amie : ses seins sont marqués cruellement, la ceinture comprime la chair tendre, cingle et volette des cuisses au buste sans que la suppliciée n'exprime sa douleur.

-- Hurle, n'oublie pas que dans le film c'est ta souffrance que l'on attend!

-- D'accord! dit la jeune fille. Et maintenant, la scène prend une tournure hallucinante : les filles qui viennent de tourner se sont rassemblées sur le plateau, lorsque les cris, les gémissements, les hurlements de la blonde brutalisée emplissent la salle.

L'une d'entre elles se précipite sur Helga, lui arrache son fouet:"Vous êtes folle, vous allez la massacrer !".La surprise est totale lorsque, souriante, Ingrid saute sur le sol, meurtrie mais ne montrant aucun signe de douleur. Et pourtant, les zébrures qui la marquent sont bien réelles et le liquide rouge qui perle le long de certaines d'entre elles atteste l'intensité des coups portés.

-- Je vous avais dit que j'étais comme un phénomène de foire. Et c'est vrai que je suis un cas médical. Mon médecin m'a maintes fois montrée à ses confrères, il paraît que j'ai une maladie extrêmement rare mais parfois attestée : je ne ressens pas la douleur. C'est d'ailleurs très dangereux, et quand j'étais petite, il fallait me surveiller car j'aurais pu me couper, me brûler, je ne m'en serais pas aperçue...

-- Et bien Ingrid, je pense que vous allez pouvoir gagner beaucoup d'argent dans le cinéma. Ca, je peux vous le garantir...

Sa camarade semble bien réticente: elle nous explique qu'elle est chargée de veiller sur elle, et que justement le fait qu'elle soit insensible à la douleur doit être considéré comme une véritable maladie et non comme un avantage : car si elle est réellement maltraitée dans les scènes qu'on veut lui faire tourner, elle risque d'avoir des lésions insoupçonnables... Elle est, en fait, la plus fragile des filles.

-- Et elle ne peut même pas être masochiste, puisqu'elle ne sent rien !

Nous les convainquons alors que nous nous montrerons aussi précautionneux qu'avec toutes les autres: il n'est pas question de blesser pour le plaisir, mais de faire semblant: c'est cela, d'ailleurs le cinéma: faire semblant! Elles sont convaincues...

Le temps de faire tourner trois ou quatre dernières arrivantes, dont l'une, on ne sait trop pourquoi, refusera obstinément d'ôter son slip, et nous affirme tout de go que ce sera la même chose dans le film...

-- Mais, Mademoiselle, on ne portait pas de slip au dix-septième siècle!

-- Eh bien bonsoir, bande de cochons ! Elle nous laisse là, et nous claque la porte en sortant...

Vanessa et moi nous faisons nos comptes, dix demoiselles sont retenues parmi les quinze candidates. Pour les rôles un peu plus importants, nous faisons un rapide tri, retenant les filles pas les plus jolies, mais celles qui nous semblent les plus hardies, les plus exhibitionnistes,les moins coincées. Il semble qu'on peut demander beaucoup à certaines, qui n'ont vraiment pas froid aux yeux. La moisson est bonne, Arnaud sera content...

Dernière petite corvée pour ces demoiselles, imposée par Georges et Noureddine... La séance de photos préalable, " afin de permettre à Monsieur Arnaud de juger en toute connaissance de cause ". Georges n'a pas l'air d'avoir les mêmes goûts que nous sur l'anatomie la plus seyante pour le tournage. Ses yeux se portent en priorité sur les corps bien féminins, tout en rondeurs, plus ou moins légères.

Bref, il aime les filles bien en chair et nous dit que c'est aussi le goût prioritaire du public. Nous sommes obligés de rappeler deux filles que nous avions sans doute un peu trop vite éliminées et qui étaient restées un peu contrites sur le lieu du tournage. Noureddine, quant à lui, serait plutôt de notre avis. Sans doute question de générations, sans doute!

Chaque fille doit se prêter au même rituel : elles se suspendent par les mains à la barre fixe, doivent creuser le ventre, mimer la fierté, la tête droite, cambrées, puis la souffrance, tête tombant sur la poitrine, alors que les deux hommes les photographient de face, de dos, et de côté...

Belle exposition de charmes offerts.Enfin, les candidates retenues reçoivent la carte de visite d'Arnaud, le plan pour aller au "Domaine de la Grange"; Georges leur donne une dernière recommandation: "Rendez-vous lundi au "domaine",à 8 heures,et n'ayez porté d'ici là ni slip, ni soutien-gorge, ni collant, ni rien qui puise laisser des marques sur la peau. Sinon, adieu le tournage . Salut les filles!"

Le lundi suivant, le soleil n'est pas au rendez-vous. La côte normande est coutumière de ce genre de temps. Si l'on voit le Havre, c'est qu'il va pleuvoir, si on ne voit pas Le Havre, c'est qu'il pleut, dit un dicton du coin...Qu'importe puisque la première scène se passe dans la crypte. Les filles, accueillies par Véronique et Patricia, sont accompagnées individuellement dans la grande et sombre salle où Arnaud les attend, avec les figurants hommes qu'il a été chercher de son côté, les éclairagistes et les techniciens. Cela fait beaucoup de monde, mais a l'avantage de rendre le lieu beaucoup moins impressionnant pour les filles destinées aux mauvais traitements...

Tous assis en rond autour d'Arnaud, qui commente:

-- La première scène représente l'arrivée des filles dans les cachots : vous serez conduites chacune, ou deux par deux, dans les alvéoles grillagées, vos cachots. Artistement dénudées: vos robes de prisonnières doivent révéler, suggérer, pas trop montrer :le spectateur doit être tenu en haleine.Vous êtes donc supposées attendre votre sort. Les deux maquilleuses apportent les robes aux filles,les garçons sont aussi revêtus d'oripeaux d'époque.

On s'affaire dans tous les coins,les éclairagistes font des essais. Puis les filles sont regroupées au bas de l'escalier,derrière la porte,les garçons vont les voir passer... On tourne !La porte s'ouvre. Enchaînées deux à deux, la tête basse, les filles entrent et sont poussées sans ménagement dans les alvéoles dont on referme les portes. Certaines semblent abattues; d'autres plus nombreuses, ont au contraire le regard fier des guerrières intrépides.

-- Bien, nous passons à la scène suivante... Les figurantes vont habiller, si j'ose dire, notre décor... De temps en temps, pour rompre la monotonie de la grande scène de la question, les caméras portables iront prendre des plans secondaires. Pas difficile de vous en souvenir, mesdemoiselles, une lampe rouge s'allumera quand vous serez filmées... Vous avez bien lu votre rôle ? Alors, en place!

C'est assez surprenant de contempler une dizaine de filles qui, en bavardant avec leurs futurs gardes ou inquisiteurs, se dirigent, qui vers un poteau, qui vers une croix en T, qui vers une échelle d'extension, ou encore vers une croix tournante horizontale en forme de X...

Les deux sorcières, je veux dire Véronique et Vanessa, feront leur entrée au milieu des cris et des gémissements, au milieu d'une séance générale. La caméra sera au fond de la salle et elles apparaîtront en plan lointain, pendant que l'on aura des vues diverses et nombreuses, mais assez brèves, des filles subissant leurs supplices. Alors, nous allons commencer. Laissez libre cours à votre imagination et laissez-vous aller, les filles, soyez charnelles, sensuelles, persuasives, et vous les garçons, soyez cruels avec machiavélisme, si vous le pouvez! On tourne...

Une scène d'introduction pleine d'atmosphère: des torchères qui envoient de grandes ombres, des inquisiteurs et des gardiens qui finissent, soit de mettre à nu un corps de petite fille qui se débat sans succès, soit d'attacher les chevilles largement écartées d'une condamnée au corps écartelé sur une croix, ou qui commencent à tourner des manivelles pour étirer les membres d'une superbe brune à l'agonie, ou qui fouettent sans relâche la belle Ingrid, dévolue à sa bourrelle.

Les caméras élargissent la scène pour prendre dans son ensemble cet hallucinant spectacle, et parfois viennent faire un gros plan sur un sein que l'on tenaille, une cuisse soumise à l'ardente piqûre d'un fer rouge, un ventre qui se balafre de stries rouges au rythme des cinglées reçues avec horreur par une très jeune fille au corps d'éphèbe, aux petits seins et aux hanches étroites, mais au ventre si féminin! Et puis les deux sorcières entrent en scène...

--Arrête de te gratter, toi ! Me murmure Arnaud.

Je n'ai pas l'habitude. Les supplices ne sont pas seulement pour les actrices, ce matin! Il m'a permis de jouer un juré du tribunal de la Sainte-Inquisition, j'en suis flatté... Mais on crève de chaud, en plein été, sous une robe de bure avec un capuchon sur la tête et sous les projecteurs qui vous aveuglent ! Assis avec les autres figurants, j'attends avec impatience l'entrée des protagonistes. Ronronnement de la caméra qui, d'un mouvement tournant, après nous avoir filmés quelques instants, se fige sur la porte de fer au bas de l'escalier.

La première, Véronique apparaît brutalement, jetée à terre par ses gardes . Elle s'affale à plat ventre de tout son long à l'entrée de la salle . Sa robe de bure relevée jusqu'au milieu des cuisses. Elle est relevée sans ménagement par l'un des deux soldats qui l'encadrent, vêtu de cuir et de fer, qui la tient par le bras et la tire jusqu'au centre de la salle, devant les membres du tribunal. Ses longs cheveux épars autour de son visage, ses poignets et ses chevilles lourdement enchaînés ne semblent pas émouvoir les hommes qui la regardent avec sévérité.

Puis, de la même manière est traînée Vanessa, ma douce Vanessa qui a souhaité faire sa première expérience et m'a déclaré avoir été très excitée lorsqu'Arnaud l'a engagée... elle aussi vêtue de sa robe de bure et pareillement enchaînée.

Elles sont là, côte à côte, tremblantes et le visage baissé, immobiles devant leurs juges. Le Grand Inquisiteur se lève, vêtu de rouge. Il déroule un long parchemin qu'il lit d'une voix sépulcrale :" Aude de Saint-Germain, Blanche Parsac, vous êtes toutes les deux soupçonnées d'avoir comploté contre les intérêts royaux dans cette province du Poitou . De lourdes charges pèsent contre vous... Afin d'éclairer le tribunal du Roi, vous allez subir la question ordinaire et extraordinaire. Vous serez toutes deux flagellées jusqu'à obtention des aveux. Inquisiteur, fais ton office!".

L'inquisiteur est impressionnant :Arnaud a choisi un athlète aux muscles saillants. Nu jusqu'à la ceinture, le visage caché sous une cagoule rouge, il porte un pantalon rouge également. D'épaisses courroies de cuir s a n g l e n t ses poignets. Il s'approche des deux jeunes femmes tremblantes d'effroi qui se serrent l'une contre l'autre, et,avec l'aide des soldats, commence à les dénuder.

Si le travail n'est pas difficile avec Vanessa, qui, débutante, a reçu l'ordre de se laisser faire passivement, il n'en va pas de même avec Véronique, qui se débat avec acharnement, griffant et mordant ses inquisiteurs qui finissent cependant par la mettre nue après une lutte fort érotique où la jeune comédienne a savamment joué avec ses charmes pour nous mettre en condition...

Vanessa est alors traînée jusqu'à la grande roue sur laquelle elle est assujettie, bras fortement tirés en arrière, cuisses ouvertes, puis immobilisée par de lourdes chaînes. Cette roue est une sorte de grand cylindre, fabriqué par les artisans du coin à partir d'un fût... (l'oncle Henri disait " un muid ") auquel on a rajouté des rayons et un moyeu pour le faire tourner. Le pauvre artisan a bien dû se demander à quoi diable (c'est le cas de le dire) cela allait servir! Quant à Véro, elle est hissée sur la grande croix en X où on l'écartèle, splendide statue de chair palpitante et blonde.

--Coupez ! lance Arnaud. Immédiatement les caméras s'arrêtent. "On n'aura pas besoin de recommencer cette scène. C'était très bien..."

Les machinistes et les figurants admirent les corps nus des deux jeunes femmes assujetties à leur instrument de supplice, tandis que l'éclairagiste s'approche de Vanessa, mesure la lumière ambiante, modifie l'orientation d'un projecteur. mais c'est la maquilleuse qui profite de cet intermède pour s'occuper du corps des actrices, rehaussant d'un peu de carmin la pointe des seins, brossant les pubis blonds, faisant légèrement bouffer les toisons soyeuses, et disposant les mèches de poils de telle sorte que l'on puisse entrevoir entre les cuisses écartées des jeunes femmes les lèvres roses de leur sexe.

Un peu de poudre pour ombrer les aines, les saillies des hanches, les flancs, qui prennent ainsi davantage de relief. Elle vaporise sur les bustes tendus et les ventres de Véro et Vanessa, d'un brumisateur léger, quelques parcelles d'eau fraîche censées représenter la transpiration des corps en extension. Jamais le corps de ma Vanessa ne m'est apparu aussi sculptural, sous la lumière qui met en valeur sa blondeur et modèle l'architecture de son anatomie en la rendant plus désirable que jamais.

Le silence revient dans la salle, sous l'injonction du metteur en scène qui donne les dernières recommandations aux acteurs. Véronique s'applique, se déhanchant légèrement sur sa croix, à mettre en valeur les globes splendides de ses seins qui oscillent et la plage plate de son ventre creusé. L'Inquisiteur s'approche d'elle, qui soutient son regard comme un défi.

-- Il est encore temps de nous dire quels sont tes complices. Mais dépêche-toi, ma patience a des limites. Allons, parle, avant de connaître la souffrance!

Véronique relève la tête dans un joli mouvement qui fait voleter ses cheveux autour de son visage, et, serrant les lèvres, fait le signe du refus, attachée à la croix, stoïque alors que le sadique s'approche d'elle.

-- Et toi, dit l'Inquisiteur à Vanessa, s'amusant à faire tourner la roue,qui fait défiler devant la caméra tous les charmes de la jeune femme, même les plus cachés lorsque son corps se trouve à l'envers, et avant qu'elle ne revienne à la position verticale, mais en arc de cercle sur cette roue, ce qui l'oblige à se déjeter et offre son buste d'une façon magnifique. Tu ne veux pas nous dire ce que tu sais, sans doute ?

Vanessa également ne répond pas, mais deux larmes coulent lentement de ses yeux bleu clair et glissent sur ses joues. Son regard trahit son angoisse, d'autant plus que l'inquisiteur a demandé à son aide d'écarteler plus fort le corps. Une manivelle tourne en grinçant, et les bras de la jeune femme sont atrocement tirés en arrière, jusqu'à ce qu'elle gémisse de douleur. Mais c'est, après un plan d'ensemble où la caméra engrange les images des deux jeunes femmes splendidement offertes, un travelling vers la crucifiée. Le pervers s'est emparé d'un long fouet à multiples lanières, constellées de petites boules de plomb.

Hors champ, un figurant s'apprête à manier un fouet réel; les claquements de ce fouet devant être parfaitement synchronisés avec la flagellation de la jeune femme, faite avec une reproduction qui a l'inconvénient de ne pas claquer, mais l'immense avantage de ne causer aucune douleur, et pour cause, les lanières étant en feutre et les boules de plomb... en polyéthylène souple ! Le feutre a été trempé auparavant dans une solution de peinture rouge, et laissera ainsi des traces imitant à s'y méprendre les traînées rouges ruisselantes que ne manquerait pas de faire une véritable flagellation sur la chair de la femme.

Le sadique s'est campé en face de la crucifiée. Il lance puissamment son fouet en direction du corps écartelé. Au moment où le torse tendu reçoit l'impact, le figurant a fait claquer sur le sol le fouet véritable et le claquement fait sursauter les acteurs !

Véronique s'est cambrée dans ses liens, sur sa croix, gonflant le buste, tendant impudiquement ses seins vers le pervers; leurs globes se marquent de rouge lorsque le fouet se retire du corps, et la suppliciée hurle sa souffrance, les muscles bandés jouant sous sa peau tendre. Mais en même temps,gardant à l'esprit son rôle de comédienne et le désir qu'elle doit inspirer au spectateur, condition essentielle du succès du film, elle fait osciller ses rondeurs magnifiques sur son buste, démontrant à la fois leur fermeté et leur douceur satinée.

Il est certain que nous commençons, sous nos cagoules, à transpirer de chaleur autant que d'excitation... Le second coup atteint la nudité attirante du ventre, les lanières parcourant l'abdomen d'une hanche à l'autre, et se déployant de la taille au pubis, en éventail, les boules de plomb semblant s'incruster dans la peau. Cette fois encore, arquée sur la croix, Véro pousse un cri perçant, et fait onduler autant que ses liens le permettent, ses hanches, faisant ressortir la minceur de sa taille et la souplesse de sa silhouette. En même temps, elle a (involontairement?) projeté son pubis en avant comme pour offrir sa féminité moite à la caresse insistante du fouet.

Maintenant, le sadique, bien campé sur ses pieds, prenant tout son temps entre les cinglées qu'il espace de dix secondes en dix secondes, pour que la suppliciée ait le temps de ressentir au plus profond de ses fibres la souffrance provoquée par l'impact des lanières sur la chair nue, fouaille régulièrement la crucifiée.

Les coups lacèrent le corps, des bras aux cuisses, mais les préférences du tourmenteur vont au buste gonflé de jeunesse et de sensualité, où maintenant les zébrures s'entrecroisent en un lacis de fines lignes rouges. L'atmosphère, dans la salle, est d'une rare intensité. L'actrice sait que les sexes de tous les hommes présents sont dans un état d'érection proche de la jouissance; elle voit d'ailleurs, du haut de sa croix, la bosse significative du pantalon de son inquisiteur.

Elle-même approche de plus en plus de la jouissance au fur et à mesure que chaque coup la cingle d'une caresse un peu appuyée certes mais inoffensive, et en même temps elle se plaît à s'imaginer véritablement suppliciée, ce qui n'est pas difficile au milieu de ce décor. Et le dernier cri qu'elle pousse, cri d'agonie pour la caméra, avant qu'elle ne laisse retomber sa tête sur sa poitrine luisante de transpiration, épuisée par la cruauté du supplice, ressemble à s'y méprendre à un cri d'extase, à tel point qu'Arnaud, en demandant d'arrêter la prise de vue, ne peut s'empêcher de le lui faire remarquer.

Enthousiasmés par la prestation de la jeune actrice, les figurants autant que les machinistes présents ne peuvent s'empêcher d'applaudir, et c'est une scène assez surréaliste que de voir une crucifiée zébrée de coups de fouet sourire de confusion et remercier de la tête ses admirateurs,en offrant la vision admirable de son corps intégralement dénudé, seins pointés, sexe offert !

-- Dépêchez-vous quand même de finir la séquence, lance Véronique à la cantonade, j'ai les bras qui commencent à s'ankyloser !

-- D'accord, ma jolie, on y va. Prête, Vanessa, c'est à toi. Essaie de te montrer aussi bonne que Véronique, et n'aie pas peur d'en rajouter, le spectateur n'est pas dupe mais il aime !!! Moteur!

La caméra, montée sur son chariot, se détourne comme à regret du corps de Véronique, et, par un mouvement tournant, vient montrer le visage de Vanessa en gros plan. L'ovale très pur de ce visage encadré de cheveux blonds collés par la sueur de l'angoisse, de ces yeux bleu clair implorant, d'une supplication muette, le tribunal de l'épargner, ajoute à l'érotisme de la scène : peu à peu le champ s'élargit et le haut du buste, puis les seins, puis le torse tout entier est filmé, alors que le pervers entre dans le champ. Il tient au bout de la main droite une longue pince aux mâchoires acérées qu'il approche du sein gauche de la jeune femme. Elle tremble de tous ses membres,se contorsionne dans ses liens mais, impitoyable, le sadique enserre dans les mâchoires cruelles la pointe délicatement tendue de son sein.

Puis il serre; la douleur atroce vrille les nerfs de la suppliciée, monte jusqu'à son cerveau et elle gémit, bouche grande ouverte, même pas capable d'exhaler un cri tant son corps est traversé par l'atroce souffrance qui irradie partout. son liquide vital coule le long du torse malmené, forme un ruisseau qui descend sur le ventre, va se perdre dans les poils du pubis. L'outil a été tellement bien imaginé qu'on ne doute pas un seul instant de la véracité de la scène.

Lorsque le pervers se retire, la maquilleuse, alors que la caméra s'arrête, vient appliquer sur la pointe prétendument malmené un mamelon en matière plastique reproduisant les stigmates de la coupure.

Pendant ce temps, les deux aides du sadique s'apprêtent à faire subir plus cruellement encore le supplice de l'élongation à la pauvre jeune fille qui, le corps déjeté en arc de cercle, nous montre ses trésors les plus intimes avec un raffinement que je n'avais encore jamais vu. En effet, la position concave sur la roue creuse le ventre déjà bien plat de ma fiancée, et elle offre de sa silhouette affinée, allongée, la quintessence d'elle-même. Et le diaphragme grand ouvert qui sépare, barrière de chair, la cage thoracique bien développée où se montrent les côtes légèrement saillantes sous la chair bronzée, du ventre, fait de ce dernier une plage creuse où le renflement du pubis est plus qu'indécence.

Le coussin du sexe féminin est gonflé par cette position qui l'offre, et en même temps semble offert comme un fruit sur ce ventre musclé. Et, comme les longues cuisses sont largement écartelées par les cordes, ce fruit éclaté offre les lèvres de la vulve et la vision intime du clitoris qui se gonfle et palpite. J'imagine que le cameraman ne manque pas d'engranger ces images sublimes.

J'ai le bonheur de penser que je pourrai, et moi seul, dès ce soir, revoir et revivre cette scène sans avoir besoin de passer par les fantasmes d'une salle obscure ou d'un support de vynile...

Vanessa se tord de douleur alors que le sadique cisaille la chair tendre de ses aines, du plus profond de ses aisselles,de la face interne de ses cuisses. Lorsqu'elle voit le sadique approcher entre ses cuisses un fer rougi au feu et qui fume dans l'air sec de la crypte, elle se cabre désespérément. Elle sent déjà la chaleur insoutenable près de sa chair intime si vulnérable.

Elle hurle "Je vais parler. Arrêtez...", mais le pervers, poussé par son sadisme, a déjà enfoncé le fer rouge dans le vagin martyrisé. Le cri de Vanessa s'étouffe dans sa gorge, elle retombe, inerte: son coeur a lâché!!

Elle essaie de se maintenir dans une immobilité absolue, retenant sa respiration le temps que la caméra change de plan. Un mouvement involontaire, une crispation des muscles de ses cuisses, oblige l'opérateur à recommencer la prise de vue, ce qui ne semble pas plaire à Véronique, qui commence à s'impatienter, toujours pendue par les bras sur la croix en X.

-- Quelques minutes, pas plus; Et toi, fais attention. A la fin de la prise de vue, je ne veux pas, pendant quatre secondes, te voir bouger un cil. Enfin, quatre secondes, ce n'est pas le bout du monde !

Vanessa se le tient pour dit. La caméra recommence à ronronner. Mais, lorsque les aides se remettent à tourner la manivelle pour tendre le corps enchaîné au cylindre, Vanessa se met à hurler, cette fois pour de bon " Arrêtez ! Stop! Vous êtes fous ! Aïe...!!!" Les machinistes avaient tout simplement oublié de détendre les cordages et Vanessa a bien failli être écartelée pour de bon.

Les aides s'empressent, on détache la jeune femme qui est incapable de faire reprendre une position normale à ses bras douloureux...

Pendant qu'on appelle le secouriste, on est obligé de détacher Véronique. Arnaud se lamente en voyant qu'on perd du temps, et je me précipite vers Vanessa, qu'on vient d'envelopper dans un peignoir. Son bras serait-il démis ? Le soigneur arrive, comprend la situation, et, comme il doit avoir un talent de rebouteux, en moins de temps qu'il ne lui en faut pour s'en apercevoir, il a remis le membre dans sa position normale.

"Il n'était pas déboîté", assure-t-il,"même pas démis, juste un muscle un peu trop tendu". Tout de même, Vanessa refuse de reprendre encore une fois son rôle de suppliciée. Arnaud se contentera de la prise légèrement défectueuse. Et puis, avec les miracles de la technique, que ne fait-on pas. Le mot de la fin pour un éclairagiste macabre:

-- On n'aura qu'à dire que ce sont les dernières contractions du cadavre !

Véronique se laisse de nouveau, hisser sur sa croix, au grand plaisir des machinistes qui en profitent pour palper son jeune corps harmonieux. Il faut vérifier que le corps est exactement dans la même position que précédemment,et la dernière prise de vue commence, après qu'on ait choisi pour cambrer sur la roue une figurante qui ressemble à Vanessa. Comme les plans sont lointains, on n'y verra que du feu, et elle n'apparaît que dans l'arrière-plan, le spectacle étant de nouveau concentré sur la belle Véronique.

-- L'eau est prête ? demande Arnaud. On apporte une jarre remplie d'eau. Il en recueille un peu dans un verre, le répand sur une cuisse de Véronique.

-- Ca te va? Pas trop chaud? Pas trop froid? Tu vois comme on prend soin de nos actrices?

-- Ca va, dit Vanessa, vous pouvez y aller... Et elle reprend la pose qu'elle avait lorsqu'elle mimait l'évanouissement après le supplice. La scène reprend. Le sadique fait signe à un de ses aides: "ranimez-moi cette garce, elle va parler, elle au moins...".

Et l'aide, s'étant emparé de la jarre, en lance le contenu sur le corps tendu. L'eau ruisselle le long du torse, du ventre, des longues jambes de la jeune femme, qui reprend conscience. Son corps luit maintenant sous les projecteurs, splendidement mis en valeur par l'humidité qui scintille sur sa peau dorée. Statue de chair érotique en diable, elle halète, oblige sa respiration, ouvre et referme son diaphragme, jouant à modeler ses rondeurs, ses reliefs et ses creux dans une symphonie de reflets chatoyants.

Impressionnée par la fin tragique de son amie, Véro n'arbore plus l'assurance stoïque de la première partie du tournage. Lorsque l'inquisiteur revient devant elle, muni d'une cravache, qu'il s'approche, alors que l'Inquisiteur la terrorise par ses menaces, elle serre les dents une dernière fois. Un coup sec et cinglant, d'un revers du bras, vient s'abattre entre ses cuisses, écrasant la toison, s'insinuant entre les lèvres distendues du sexe féminin entrouvert.

-- Pitié, pitié, je vais parler, détachez-moi, supplie la jeune femme martyrisée au plus intime d'elle-même. Un signe de l'Inquisiteur, et elle est détachée.

Elle s'affale à terre, le corps parcouru de frissons, une main entre ses cuisses, couvrant son sexe maltraité. Par pur sadisme, le pervers flagelle encore par deux fois le dos et la croupe, et finalement laisse la place à regret à l'Inquisiteur.

-- Relève-toi, femme, et viens devant tes juges. Parle maintenant... Qui sont les organisateurs de cette rébellion ? Où se cachent-ils?

Eperdue, la jeune femme, entre deux pleurs convulsifs,tenue debout par deux soldats, est face à nous. Sa poitrine s'abaisse et se soulève au rythme d'une respiration oppressée. Par bribes, elle parle, indique vaguement le prénom d'un comparse. mais le pervers derrière elle la terrorise: il tient à la main la longue pince dont il s'est servi tout à l’heure sur le corps de Vanessa. Son débit se fait rapide, précipité, saccadé. Elle récite sa tirade, point d'orgue de cette scène forte du film .

Arnaud fait encore quelques plans sur les figurantes, qui ont été soigneusement maquillées pendant que l'on s'occupait des deux héroïnes de la scène... Et l'on termine sur des corps luisants, mis en valeur par les torches qui allongent et caressent leurs courbes, corps sillonnés de marques rouges, de balafres et de brûlures, le plus souvent sur les seins ou en haut des cuisses... En tout cas, les filles paraissent aussi ravies que les garçons lorsqu'on les détache !

Ce matin, Vanessa m'a avoué qu'elle mourait d'envie de descendre dans la crypte pour vivre nos fantasmes, sans témoins, rien que nous deux. Nous étions allongés dans des chaises longues que l'oncle Henri appelait des «transats» et qui sont à elles seules des instruments de supplices sophistiqués, construites sans doute par un sadique pour pincer et broyer les phalanges et tout membre qui passe à leur portée.

A suivre

Résumé de la suite : ce film sur l’inquisition a excité nos tourtereaux. Une fois seul, l’envie les tenaille de retourner au donjon. Ils n’y retourneront pas obligatoirement seul..... et irons de surprise en surprise.

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